Charles Aznavour, il chantait l'invisible
- sandra_coaching
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« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
Le 1er octobre 2018, s'éteignait un grand Monsieur. Charles Aznavour, né Shahnour Varinag Aznavourian le 22 mai 1924 à Paris, était un chanteur, compositeur, et acteur français d’origine arménienne. Fils d’immigrés arméniens, il a grandi dans un milieu modeste, mais bercé par la culture artistique. C’est dès son plus jeune âge qu’il se tourne vers le monde du spectacle, mais avant de percer dans la chanson française et de conquérir la scène internationale, Aznavour a traversé une longue période de galère et d’échecs.
Je devais le voir sur scène le 26 octobre cette même année, à Bruxelles, soit quelques semaines après qu'il ne s'éteigne. J’attendais ce moment avec tellement d'impatience, que je préparais l’événement en écoutant en boucle ses chansons, en les réécrivant dans mon cahier, portée par l’excitation de le voir enfin en vrai. Puis, alors que je noircissais les pages de mon calepin, une notification s’affiche.. Aznavour s’en est allé. Le choc, un instant suspendu, traversé de vide sonore. La stupeur d’un rêve qui s’effondre..
J’ai choisi de garder le souvenir d’un homme admirable, dont la force m’inspire encore aujourd'hui. Un homme qui, bien avant "les ovations et les projecteurs", a longtemps marché dans l’ombre. Son secret ? Peut-être cette foi inébranlable en ses rêves, et cette capacité à persévérer quand tout semblait lui dire non. Aznavour, qui se qualifiait lui-même de « champion des bides », a dû affronter des critiques sévères telles que « Vous êtes trop petit », « Vous n’avez pas de voix », ou encore « Vous n’avez pas de talent ». Malgré ces obstacles, il a toujours conservé une conviction profonde :
« J’ai toujours su que j’atteindrais la lune. » Aznavour
Aznavour n’a pas seulement laissé son empreinte dans l’histoire de la chanson française avec des titres inoubliables comme La Bohème, Emmenez moi, Comme ils disent ou Hier encore, il a aussi développé au fil du temps des qualités précieuses, telles que la persévérance, la résilience, et une confiance inébranlable en lui-même.
Aznavour écrivait comme on sculpte le silence. Sa plume, fine et précise, révélait l’essence de l’émotion sans jamais la surjouer. Chaque mot semblait choisi avec soin, pesé, poli, puis déposé avec une pudeur émouvante. Il ne chantait pas l’amour, la solitude ou le temps qui passe en les criant mais en les suggérant. Ses chansons étaient des confidences murmurées, des silences qui parlaient plus fort que les mots, amenés avec une grâce délicate. Il avait l’art du mot juste, de celui qui frappe en plein coeur, qui traverse les âges, qui résonne encore longtemps après qu’il s’est tu. C’est peut-être là, dans cette alliance entre émotion contenue et justesse poétique, que résidait la véritable force d’Aznavour : il émouvait sans jamais s’imposer, il touchait sans jamais forcer .. il proposait.
Aznavour avait développé une grande confiance et estime de lui-même. Il connaissait ses faiblesses, mais savait également qu’il avait ce don : celui de toucher les gens avec ses mots. Une journaliste l'a qualifié de « poète des mots qui ciselait ses textes comme un orfèvre". Il travaillait sa prose, y revenait des dizaines de fois si besoin, tant que l'inspiration était là. Pour lui, le travail était essentiel. Il ne cessait de peaufiner avec délicatesse, tel un sculpteur, et d’améliorer sa performance scénique pour offrir le meilleur de lui-même à son public.
Lors d'une interview télévisée, il répondait à une journaliste qui lui demandait non sans humour : « Charles, vous êtes un grand travailleur et vous vous instruisez continuellement ... Est-ce pour briller en société ? » Elle sourit, un brin moqueuse.
A lui de répondre avec sa grande élégance, et ce charme insolent qu'on lui connaissait tous, d'un ton mi-fier, mi-blasé :
« Chère Madame, je m'instruis .. c'est pour mon travail ! Mon nom brille assez pour moi !! Et c'est déjà assez emmerdant ! »
Et oh combien il disait vrai. La vie de Charles Aznavour est un exemple inspirant de la manière dont des qualités comme la persévérance, la résilience, la confiance et l'estime de soi peuvent nous aider à transformer les échecs en forces qui nous poussent à l'action. À travers ses chansons et son parcours de vie, il nous montre que chaque revers peut être une leçon, chaque obstacle, une opportunité d'apprendre, et que l'on peut faire du doute une force, et de l’échec un appel à se relever pour mieux se révéler.
Dans notre quotidien, face aux revers professionnels, aux relations brisées ou aux défis personnels, l'exemple d'Aznavour nous rappelle que rien n’est figé, ni dans l’échec, ni dans la douleur. Lui qui fut tant de fois rejeté, incompris, moqué, a su transformer les blessures en matière poétique, les refus en moteurs de création, et les doutes en chansons inoubliables. Il n’a jamais cessé d’avancer, avec cette conviction gravée comme une promesse : on peut grandir à travers l’épreuve.
Pour surmonter les échecs, il est essentiel, comme il l’a fait, de cultiver l’estime de soi, de développer la résilience, et d’oser croire en sa propre voie, même lorsqu’elle semble solitaire. En prenant soin de soi, en reconnaissant nos victoires, même petites, avec humilité, en acceptant que nous sommes en chemin, nous aiguisons doucement la personne que nous sommes, et nous nous rapprochons de celle que nous aspirons à devenir.
Comme l’iceberg, dont la force réelle se cache sous la surface, le travail intérieur sur l"estime, sur l’alignement, sur ce que l’on croit mériter, constitue le socle invisible de toute réussite durable, qu’elle soit artistique, personnelle ou professionnelle.
Aznavour, lui, a bâti sa légende, me semble-t-il, sur cette part cachée, sur cet invisible forgé dans l’ombre et le doute. Et c’est peut-être là que réside sa plus belle leçon : que nos plus précieuses richesses se nichent dans ce que les yeux ne voient pas.
Prenez soin de vous, toujours. Sandra

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