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Quand les douleurs d’hier s’invitent dans nos vies d’aujourd’hui

  • sandra_coaching
  • 15 juin
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 juin

Il y a des douleurs qu’on ne comprend pas, des blocages inexplicables, des peurs irrationnelles, des maux physiques récurrents — alors même que « tout va bien ». Et si ce que nous vivons aujourd’hui n’était pas uniquement le fruit de notre histoire personnelle ? Et si certains poids, certaines blessures, étaient les échos de traumatismes anciens — familiaux, invisibles ou refoulés — logés dans notre corps comme dans notre mémoire inconsciente ?

Cet article se propose d'explorer ce qui, en nous, ne vient pas entièrement de nous… pour mieux nous en libérer.


Hériter du silence : la transmission invisible

Dans J’ai mal à mes ancêtres !, Patrice Van Eersel (1) explore la psychogénéalogie, cette approche qui considère que l’inconscient familial influence nos vies bien au-delà de ce que nous croyons. Nous portons en nous les marques des non-dits, des secrets, des drames oubliés.. une fausse couche jamais nommée, une humiliation ancestrale… Ces événements, s’ils ne sont pas symbolisés, se répètent. Ils cherchent un langage, parfois à travers les corps ou les comportements.

C’est ce que la psychothérapeute Anne Ancelin Schützenberger dans son ouvrage Aïe mes aïeux (2) appelait les « loyautés invisibles » : des fidélités inconscientes aux ancêtres, qui nous poussent à rejouer leurs drames sans en avoir conscience. Des dates d’anniversaire qui coïncident avec des maladies, des schémas amoureux récurrents, des peurs qui ne nous appartiennent pas.

Comme le dit Anne Ancelin Schützenberger tant qu’une histoire familiale n’est pas mise en lumière, elle tend à se répéter inconsciemment d’une génération à l’autre.

La douleur héritée : ce qui se transmet sans mot

Dans Cette douleur n’est pas la mienne, Mark Wolynn (3) approfondit cette idée. Selon lui, nous pouvons littéralement « hériter » d’un traumatisme non résolu, non pas génétiquement au sens strict, mais par transmission émotionnelle, comportementale, ou épigénétique.

Des études récentes confirment que le vécu traumatique peut laisser une empreinte biologique sur l’expression de certains gènes. Mais surtout, nos systèmes de croyances, nos peurs profondes, nos façons de réagir sont souvent façonnés par ce qui s’est passé avant nous.

Par exemple, une femme qui fait des crises d’angoisse sans cause apparente découvre que sa grand-mère a été abandonnée à la naissance. L’angoisse, transmise sans mot, cherche à être reconnue.

« Ce que l’on ne peut pas exprimer avec des mots, le corps le criera. » Le drame de l'enfant doué, Alice Miller

L’épigénétique : cicatrices invisibles mais actives

Lors du Congrès du Coaching de Santé de 2024 qui s'est tenu à Paris, le Pr Cyril Tarquinio, auteur de Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel (4), a souligné que des traumatismes familiaux, des guerres ou même des événements dont nous sommes simplement témoins peuvent modifier l’expression de nos gènes. Cette modulation s’opère notamment via des mécanismes épigénétiques affectant les circuits de régulation du stress (comme le gène NR3C1). Ces « cicatrices moléculaires » sont invisibles, mais elles orientent durablement nos réactions émotionnelles et corporelles.

Pour lui, ce processus n’est pas une fatalité : lorsqu’un traumatisme est nommé, exprimé, reconnu, il devient possible d’en atténuer les effets, y compris au niveau cellulaire. Cela renforce l’idée que l’exploration transgénérationnelle, loin d’être anecdotique, a des répercussions concrètes sur notre santé physique et mentale.


Le corps, mémoire vivante du trauma

Dans Les mémoires du corps, Jean Benjamin Stora (6) aborde une autre dimension : celle du corps comme archive du psychisme. Il y a des événements qu’on ne parvient pas à intégrer mentalement — trop violents, trop soudains, trop honteux. Le psychisme les « expulse », et c’est le corps qui les enregistre.

Douleurs inexpliquées, maladies chroniques, fatigue intense.. Parfois, ces signaux sont des tentatives de mise en sens. Le corps devient alors le théâtre d’un conflit psychique non symbolisé. Il parle à la place de la parole empêchée.

La psychosomatique ne nie pas les causes médicales. Elle les complète d’une lecture émotionnelle : quel sens cela a-t-il dans mon histoire ? Ce lien entre souffrance physique et vécu psychique invite à une réconciliation : écouter son corps, c’est écouter une part de soi oubliée.


« Tout est langage. Le corps parle. Même les silences sont pleins de mots. » Françoise Dolto

Des outils pour se libérer : explorer, ressentir, transformer

Mark Wolynn propose plusieurs approches concrètes pour mettre en lumière les blessures héritées et amorcer un processus de transformation :


  • Le génogramme élargi : Il ne s’agit pas seulement de dresser un arbre généalogique, mais d’y inscrire les événements émotionnels clés : décès prématurés, ruptures, secrets, maladies, exils… Ce travail permet de repérer des répétitions, des silences ou des traumatismes non digérés.

  • Les phrases clés et les dialogues réparateurs : à travers des affirmations symboliques telles que :

    « Ce fardeau n’est pas le mien. Je te rends ce qui t’appartient. »

    L’auteur invite à rompre les loyautés invisibles, reprendre sa juste place et différencier ce qui nous appartient de ce qui relève de l’histoire de l’autre.

  • L’exploration sensorielle du langage : les mots spontanés, les métaphores corporelles ou émotionnelles (« j’étouffe », « quelque chose est brisé en moi ») sont des portes d’entrée vers des mémoires profondes. Les suivre avec attention peut révéler des liens insoupçonnés avec des vécus familiaux.

  • La visualisation guidée : par des exercices d’imagerie mentale, Wolynn propose de revisiter une scène d’origine — réelle ou symbolique — pour y insuffler réparation, apaisement ou reconnaissance.

  • Les constellations familiales : méthode souvent puissante pour rendre visibles les dynamiques inconscientes d’un système. Wolynn souligne toutefois qu’elles nécessitent un cadre sécurisé, et qu’elles ne conviennent pas à tout le monde.

  • L’ancrage corporel et émotionnel : il insiste sur l’importance de ressentir dans le corps les effets d’un trauma transmis, et de ne pas en rester à une compréhension mentale. C’est en passant par le ressenti que peut s’opérer un réel mouvement de libération.

Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive. En fonction de la sensibilité et des besoins de chacun·e, d’autres formes d’accompagnement peuvent se révéler précieuses dans un travail de réintégration corps-esprit : la thérapie analytique ou familiale, la PNL, l’IFS (Internal Family Systems), les approches somatiques, les soins énergétiques, ou encore l’ACT (Acceptance and Commitment Therapy), qui invite à accueillir pleinement ses émotions, à observer ses pensées sans s’y accrocher, et à avancer vers ce qui fait sens, en réinvestissant son corps comme boussole intérieure.

Parmi ces pratiques, le coaching de santé prend une place singulière : il offre un cadre de soutien global, ancré dans la prévention, l’écoute active et l’accompagnement au changement. Il s’adresse à celles et ceux qui, sans pathologie sévère, souhaitent retrouver un équilibre durable, restaurer un lien apaisé avec leur corps et remettre du sens dans leur quotidien.

Bien sûr, dans certains cas, un accompagnement médical ou psychothérapeutique sera indispensable — notamment lorsque la souffrance est intense, chronique ou pathologique. Mais de nombreuses approches complémentaires, dites “douces” ou “holistiques” ou "interventions non médicamenteuses" (comme le souligne le Pr Grégory Ninot), peuvent également soutenir ce processus de guérison : ostéopathie, sophrologie, hypnose, acupuncture, soins énergétiques… à condition qu’elles soient proposées dans un cadre éthique, respectueux et bienveillant.


Pour approfondir les pratiques validées scientifiquement, je vous recommande l’ouvrage Les 100 médecines douces validées par la science du Pr Grégory Ninot.


Dans ma pratique, j’utilise également les techniques régressives issues de la PNL, qui permettent de revisiter une scène source et d’en transformer les ressentis, les croyances associées, ainsi que les dynamiques systémiques sous-jacentes. J’y intègre aussi la thérapie ACT (Acceptance and Commitment Therapy) pour cultiver la flexibilité psychologique, ainsi que le coaching de santé, qui offre un cadre d’écoute global centré sur la reconnexion au corps (5).


Nommer, relier, libérer

Que ce soit par le biais du corps, des émotions, des rêves ou des symptômes, le passé cherche souvent à être vu. Mettre des mots sur ce qui a été tu, faire la lumière sur son arbre généalogique, accueillir ce qui se rejoue — ce sont des actes de réparation. Pas pour rejeter son histoire, mais pour la traverser en conscience.

Il ne s’agit pas de s’inventer des traumatismes ou de culpabiliser ses aïeux, mais de reconnaître que nous sommes tissés d’histoires, et que certaines d’entre elles demandent à être entendues pour ne plus les porter malgré nous.


🌿

Quelques pistes d’exploration intérieure


  • Existe-t-il en vous des douleurs, émotions ou comportements qui semblent disproportionnés, inexplicables — comme s’ils ne vous appartenaient pas tout à fait ?


  • Des épisodes de votre vie vous semblent-ils se répéter, malgré votre volonté de changement ? Un schéma amoureux, une peur diffuse, une sensation d’échec ?


  • Y a-t-il, dans votre histoire familiale, des non-dits, des silences persistants, des événements restés dans l’ombre — pertes, exils, ruptures, humiliations ?


  • Votre corps tente-t-il de vous parler depuis longtemps ? Par des tensions chroniques, une fatigue récurrente, ou des symptômes que la médecine peine à expliquer ?


  • Vous sentez-vous parfois comme « chargé » de quelque chose… sans savoir quoi ? Comme si vous portiez une mémoire dont vous n’avez pas la clé ?


Ces questions ne demandent pas des réponses immédiates. Mais elles peuvent être des portes. Et parfois, il suffit d’ouvrir une porte pour que la lumière entre.  Et si cette lumière, c’était la vôtre, transmise à travers l’ombre ? Prenez soin de vous, toujours. Sandra


Sources

(1) Patrice Van Eersel, J’ai mal à mes ancêtres ! La psychogénéalogie aujourd’hui, Éditions Albin Michel, 2002.

(2) Anne Ancelin Schützenberger, Aïe, mes aïeux ! – Liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d'anniversaire, Éditions Desclée de Brouwer, 1993.

(3) Mark Wolynn, Cette douleur n’est pas la mienne, Éditions Exergue, 2017.

(4) Cyril Tarquinio, Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel, Dunod, 2022 et témoignage au Congrès du Coaching de Santé, Paris, 2024.

(5) Article de blog « J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir : les techniques régressives en PNL », 2021 ; montre comment la PNL permet de retravailler une scène d’origine pour libérer le présent de l’empreinte du passé : https://www.blog-sandra-eas-coaching.com/post/les-techniques-régressives-en-pnl

(6) Jean Benjamin Stora, Les mémoires du corps. Comment se libérer des traumatismes qui se répètent, Éditions Payot, 2013.


 
 
 

1 Comment


s576hn72hc
Jun 21

Très intéressant Sandra ! Et magnifiquement bien écrit 😊😘

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