Amour de soi … les fondations du bonheur ?
- sandra_coaching
- 20 déc. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 déc. 2020
Ressentir de l’amour … c’est bon, c’est beau, c’est chaud, c’est doux… on en raffole tous. Et bonne nouvelle, il est là, partout et à portée de toutes et tous. Il ne tient qu’à nous de le générer … envers nous-même, et de l’offrir généreusement. Ne dit-on pas qu’ « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ? », alors qu’est-ce qu’on attend ?
Les Grecs de l’antiquité, dans leur quête de la sagesse et de la compréhension de soi, utilisent huit différents mots pour décrire les différents types d’amour dont nous faisons l’expérience à un moment donné de notre vie, alors que nous n’en n’utilisons qu’un seul qui est le mot « amour » tout simplement.
Les écritures grecques chrétiennes ont donné une définition de l’amour en 1 Corinthiens 13 : 4-8 : « L’amour est patient et bon. L’amour n’est pas jaloux. Il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas ses propres intérêts, ne s’irrite pas. Il ne tient pas compte des torts subis. Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais trouve de la joie dans la vérité. Il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. L’amour ne disparaît jamais. »
Pourrait-on dire ici que l’on parle de l’amour avec un grand « A » ? Et que cet amour englobe les types d’amour durable, désintéressé selon les grecs de l’antiquité ? Il est fort probable que oui.
Dans l’amour, il n’y a pas de jugement, l’autre est pris en compte, on se sent libre d’être authentique et on avance dans un voyage vers une version toujours meilleure de nous-même grâce bien sûr à l’amour que l’on génère envers nous-même mais également grâce à celui que l’on offre, cet amour désintéressé, vrai, doux, authentique, celui que l’on cultive goutte à goutte par des gestes désintéressés, des paroles valorisantes, encourageantes et aussi des actions. Il est à noter aussi que chacun a sa propre façon de montrer son amour. Selon Gary Chapman, dans son ouvrage « Les cinq langages de l’amour », il existe plusieurs façons, plusieurs langages d’Amour à connaître qui diffèrent selon les individus : les paroles valorisantes, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus, le toucher physique (traduits par des gestes de tendresse). Pour plus d’informations, vous pouvez vous référer à son ouvrage.

Il peut être intéressant de revenir sur ces 8 manières d’aimer selon les Grecs afin de comprendre en quoi l’amour de soi qui est l’amour « Philautia » en grec est la base d’une vie plus épanouie.
Ne dit-on pas qu’ « on ne peut donner que ce que l’on a » ?
Lorsque nous comprenons ces différents types d’amour, nous pouvons alors prendre conscience de la profondeur de nos liens avec nous-mêmes et avec les autres personnes dans notre vie.
Voyons quels sont les huit différentes manières d’aimer selon les grecs de l’antiquité :
« Eros » ou l’amour érotique
Le premier type d’amour est « Eros », qui tire son nom du dieu grec de l’amour et de la fertilité. Eros représente l’idée du désir et de la passion.
Les Grecs de l’antiquité considéraient Eros comme ‘dangereux et effrayant’, car il a trait à une ‘perte de contrôle’ due à l’impulsion primordiale de procréer. Eros est une forme d’amour passionné et intense qui suscite des sentiments sur le plan intime et romantique.
Eros est un feu primal et puissant qui s’éteint rapidement. Il a besoin que sa flamme soi attisée par l’une des formes les plus profondes de l’amour, car il gravite autour des aspects les plus égoïstes de l’amour, c’est-à-dire l’engouement personnel et le plaisir.

2. « Philia » ou l’amour affectueux
Le deuxième type d’amour est « Philia », ou amitié. Les Grecs de l’Antiquité valorisaient le type d’amour « Philia » bien au-dessus de « Eros », considérée comme une relation d’estime mutuelle, d’égal à égal. Philia est un type d’amour ressenti entre amis qui ont vécus ensemble des moments difficiles.
Comme Aristote l’a dit, la Philia est un « amour vertueux impartial», libre de toute attraction. Cela implique souvent le sentiment de loyauté entre amis, la camaraderie entre coéquipiers et le sens du sacrifice.

3. « Storgê » ou l’amour familial
Storgê est avant tout liée à la parenté et à l’amour familial. Il est une forme naturelle d’affection entre un parent et son enfant, et un enfant pour ses parents.
La forme de l’amour Storgê peut même être ressentie pour des amis d’enfance, et même à l’âge adulte.
Mais bien que la Storgê soit une forme puissante d’amour, elle peut également devenir un obstacle entravant nos chemins spirituels, en particulier lorsque notre famille ou nos amis ne nous accompagnent et ne nous soutiennent pas dans notre cheminement personnel.

4. « Ludus » ou l’amour espiègle
Dans l’amour ludique (Ludus), l’amour et l’intimité sont considérés comme un jeu. Ce style est basé sur le jeu de la séduction, sans engagement. Les Grecs pensaient que l’amour Ludus était une forme d’amour ludique qui s’exprime par exemple entre des jeunes passionnés.
L’amour Ludus est le sentiment que nous ressentons lorsque nous sommes aux premiers stades de tomber en amour avec quelqu’un… le cœur qui palpite, et puis le flirt, les taquineries et les sentiments d’euphorie.
Le stade ludique est une étape essentielle souvent qui se perd souvent dans les relations à long terme. Pourtant, l’espièglerie est l’un des éléments clés pour préserver l’innocence enfantine et garder l’amour vivant, intéressant et excitant dans le couple.

5. « Mania » ou l’amour obsessionnel
L’amour Mania est le type d’amour qui entraîne un partenaire dans une sorte de folie et d’obsession. Cela se produit généralement lorsqu’il y a un déséquilibre entre l’Eros et l’amour Ludus.
Pour ceux qui font l’expérience de l’amour Mania, il s’agit en réalité d’un amour qui permettra de se sauver soi-même : on parle en réalité d’un renforcement de sa propre valeur en tant que victime souffrant d’une faible estime de soi. L’amour Mania implique que l’on veut aimer et être aimé afin de se sentir valorisé. Pour cette raison, on peut devenir possessif et jaloux, se sentant comme si on avait désespérément besoin d’un partenaire.
Si l’autre partenaire ne rend pas la pareille avec le même genre d’amour, alors de nombreux problèmes l’emporteront. C’est pourquoi l’amour Mania peut souvent conduire à des problèmes tels que la codépendance.

6. « Pragma » ou l’amour durable
Pragma est un amour qui a été cultivé, qui a mûri et évolué avec le temps. Il va au-delà du physique, a transcendé toutes les barrières, et a une harmonie unique qui s’est formée au fil des années.
On retrouve généralement l’amour Pragma dans les couples mariés dont l’union s’est formée depuis longtemps, ou dans les très longues amitiés. C'est un amour qui peut exister à n'importe quelle étape de sa vie même dans la vieillesse. Malheureusement, le Pragma est un type d’amour qui est difficile à trouver. Nous mettons malheureusement plus de temps et d’énergie à essayer de trouver l’amour que d’essayer de le préserver. On pourrait comparer cela à la quête du bonheur, on pense souvent que le bonheur est au bout de ce chemin alors qu'en réalité il commence dès le premier pas vers ce voyage plein de rebondissements émotionnels.
À la différence des autres types d’amour, le Pragma est le résultat d’un effort des deux conjoints. C’est l’amour entre deux personnes qui ont appris à faire des compromis, et à faire preuve de patience et de tolérance pour que la relation fonctionne.

7. « Philautia » ou l’amour de soi
Les Grecs ont compris que pour prendre soin des autres, il faut d’abord apprendre à prendre soin de soi. Cette forme d’amour de soi n’est pas la vanité malsaine et l’obsession de soi focalisée sur la renommée personnelle, le gain et la fortune, comme c’est le cas avec le narcissisme.
L’amour Philautia est plutôt l’amour de soi dans sa forme la plus saine. Il partage la même philosophie bouddhiste de la « compassion envers soi-même », qui est la profonde compréhension que, ce n’est que lorsque vous avez la force de vous aimer vous-même que vous pourrez être assez à l’aise dans votre peau pour offrir de l’amour aux autres.
Aristote disait : « Tous les sentiments avenants que nous éprouvons à l’égard des autres sont le prolongement des sentiments qu’un individu ressent pour lui-même ».
Rappelons-nous que l’estime de soi se construit dès la plus tendre enfance par le biais d’un amour inconditionnel de nos parents (ou figures d’attachement). Cependant, quand nous sommes adultes, rien n’est figé, nous pouvons cultiver cet amour de soi. Rappelons-nous que l’on ne peut donner / partager que ce que l’on a. La seule façon d’être vraiment heureux est d’apprendre à s’aimer inconditionnellement.
Une fois que l’on a appris à s’aimer, on est alors prêt à la réalisation de soi.

8. « Agape » ou l’amour désintéressé
Le type d’amour le plus élevé et le plus profond selon les Grecs est l’amour Agape, ou l’amour inconditionnel désintéressé.
C’est la forme d’amour la plus pure qui soit, exempte de désir et d’attente, et qui accepte les défauts et les faiblesses des autres.
L’amour Agape est l’amour que nous connaissons intuitivement comme étant la vérité divine: l’amour qui accepte, pardonne et croit en notre plus grand bien.

Les Grecs de l’antiquité nous apprennent à observer, plonger, ressentir, éprouver ce qu’il y a de bon ou mauvais pour soi dans chaque type d’amour. Les distinctions qu’ils ont apportées à ce que peut être l’amour, dépendant du contexte dans lequel nous le ressentons, nous apprennent que pour apprécier l’amour véritablement, il est bon de plonger à des profondeurs dans l’amour Philia (l’amour de soi) et cultiver l’amour Ludus afin de garder une dynamique enfantine avec son partenaire, en évitant l’amour Mania (l’amour obsessionnel) à mesure que nos relations murissent, afin de continuer vers ce chemin de l’amour de soi.
En prenant conscience de ces différents types d’amour et en nous mettant en action, nous pourrons trouver Pragma (l’amour durable) dans nos relations avec l’autre.
Enfin, par le pouvoir de l’amour Philautia (amour de soi) et Agape (amour désintéressé), nous pouvons comprendre à quel point le cœur humain est fascinant.
Nous pouvons également comprendre à quel point, Philautia est la base d’une vie épanouie qui nous permettra de développer un amour désintéressé que ce soit envers notre famille, nos amis, nos collègues ou les gens que nous ne connaissons pas.
L’amour Philautia nous aide à accompagner nos enfants dans la construction de leur estime d’eux-mêmes qui est l’amour Storgê. Et il nous aide également à trouver Pragma (l’amour durable), celui qui nous renforce, nous protège, nous sécurise jusqu’à pourquoi pas, la fin de notre vie.
Je vous invite à découvrir l’illustration suivante qui met bien en évidence l’importance de « construire sa vie » sur des bases ou des fondations solides.
« Un homme prudent a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur le roc ».
De la même manière, se pourrait-il qu'une estime de soi forte, bâtie sur le roc, inébranlable, un amour vrai envers soi-même, envers les autres soient la base d'une vie plus épanouie ? Peut-être…
Sources :
« L' Estime de soi: S'aimer pour mieux vivre avec les autres » de Christophe André, François Lelord.
« Les cinq langages de l’amour » de Gary Chapman
« Méandres de l'amour : Eros et Agapè » de Michel Théron


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