« Connais-toi toi-même » : un acte de courage qui transforme nos vies
- sandra_coaching
- 21 mai
- 9 min de lecture
Il est des phrases qui traversent les siècles sans jamais perdre de leur éclat. Gravée sur la pierre du temple de Delphes, offerte comme un murmure au voyageur en quête de vérité, cette injonction d’apparence simple résonne encore aujourd’hui comme un souffle ancien :
« Connais-toi, toi-même. » (1)
Mais comment se connaître, quand le tumulte du monde nous pousse à devenir tout sauf nous-mêmes ? Comment se rencontrer en vérité, quand les masques sont devenus des visages, et les atttentes des autres nos propres prisons dorées ?

Je crois qu’il existe en chacun de nous une petite voix, parfois étouffée, et souvent oubliée. Une voix qui ne crie pas, mais qui appelle, une voix qui ne cherche pas à convaincre, mais à révéler. Elle se tient là, tapie sous les rôles, sous les obligations, sous les automatismes. Elle attend qu’on ralentisse, qu'on s'arrête .. et qu’on l’écoute.
Qu’on accepte de ne plus fuir vers l’extérieur pour enfin plonger à l’intérieur.
Se connaître n’est pas un objectif à cocher sur une to-do list, c’est une aventure, parfpis un vertige, un dépouillement souvent. Et pourtant, c’est peut-être le plus grand acte d’amour que l’on puisse s’offrir (l'amour Philautia selon les grecs de l'Antiquité). (2)
Alors dans ce voyage que je vous propose aujourd’hui, il ne s’agira pas de tout comprendre, ni de tout contrôler. Il s’agira d’oser, oser aller à la rencontre de soi. Même si c’est flou, même si c’est inconfortable, parce que c’est là, dans ce territoire fragile, que commence toute transformation.
« La véritable transformation se produit lorsque nous devenons présents à ce que nous sommes, sans chercher à le fuir. » Eckhart Tolle
I. Connaître, ce n’est pas comprendre, c’est rencontrer.
On confond souvent connaissance et maîtrise. Comme si connaître, c’était disséquer, poser des mots, cerner, délimiter. Comme si la vérité de l’être pouvait se définir via un diagnostic ou un test de personnalité bien ficelé. Mais se connaître, ce n’est pas mettre la lumière sur soi pour mieux s’expliquer, et si c'était marcher dans l’ombre pour mieux se reconnaître.
"Quand je suis en paix avec mes parts d'ombre, je peux accueillir celle des autres". Isabelle Calkins (3)
On peut passer sa vie à se décrire sans jamais vraiment se rencontrer. On peut enchaîner les formations, les lectures, les bilans, passer des tests de personnalité, répéter des phrases toutes faites comme « je suis comme ci », « moi je fonctionne comme ça » et pourtant, au fond… rester à la surface.
Se rencontrer, c’est autre chose.. C’est accueillir les parts que l’on avait exilées, refoulées, mises sous un bon gros tas de couvertures.. bien au chaud .. celles qui dérangent, celles qu’on ne comprend pas, celles qu’on a appris à taire pour être aimé, validé, accepté. C’est entendre ses silences, c’est reconnaître les gestes récurrents qu’on refait sans comprendre pourquoi, les élans qu’on réfrène, les désirs qu’on abandonne avant même de les nommer.
Se rencontrer, ce n’est pas se regarder dans un miroir poli, c’est accepter que parfois, le miroir tremble, se trouble, nous montre une image floue. Mais dans cette image mouvante se dessine peu à peu une présence plus juste, plus vivante et peut être plus libre.
II. Pourquoi est-ce si difficile de se connaître ?
Parce que se connaître, c’est parfois se défaire .. se défaire de ce qu’on a construit .. pour tenir, pour plaire, pour survivre. C’est ébranler les fondations d’un « moi » que l’on croyait solide, alors qu’il n’était qu’un fragile assemblage d’adaptations, de silences, de loyautés invisibles.
Nous avons grandi dans un monde où il fallait rentrer dans des cases, mériter sa place, correspondre à une image. Très tôt, nous avons appris à enfiler des masques.. celui de la fille forte, celui du professionnel fiable, celui du parent parfait. Et à force de les porter, nous les avons confondus avec notre peau.
Nous avons aussi appris à ne pas déranger, à ne pas trop dire, à ne pas trop ressentir.
Et ce que nous n’avons pas exprimé, nous l’avons comprimé. Les larmes retenues sont restées dans les épaules. Les colères tues se sont glissées dans les mâchoires. Les non-dits se sont enroulés dans le ventre.
Au fil du temps, les émotions niées sont devenues des tensions, les rêves avortés des renoncements silencieux, et nos blessures refoulées des angles morts.
La psychosomatique nous rappelle que le corps parle, surtout quand on ne l’écoute pas. Nous somatisons : ce que la parole n’ose pas dire, le coprs le crie parfois à sa manière.
Une tension persistante dans les épaules peut porter le poids de ce que l’on croit devoir tenir pour tout le monde. Une douleur dans le dos raconte souvent la fatigue de soutenir seule une histoire qui ne nous convient plus. Les tendinites, si fréquentes, peuvent parler d’un effort répété pour s’acccrocher… alors qu’il faudrait lâcher. Les genoux douloureux peuvent dire quelque chose d’un mouvement retenu, d’une peur d’avancer, ou d’un refus inconscient de plier face à ce qui ne nous respecte pas. (4)
Alors oui, tout cela n’est pas confortable. Ce n’est pas une quête facile, c’est une traversée. Mais une traversée vers soi, et donc vers une forme de vérité, de relâchement… et peut êtrede guérison.
Se connaître vraiment suppose de regarder en face ce que nous avons mis tant d’énergie à éviter .. nos contradictions, nos colères, nos fragilités. Ce n’est pas une aventure de façade, c’est une rencontre intime. (5)
Et cette traversée commence souvent par un effondrement intérieur, ce moment de bascule, où ce qui soutenait l’image, s’effrite, où ce que nous avions pris pour des vérités s’avère n’être que des conditionnements.
Comme l’écrit Anthony de Mello, nous vivons dans un monde qui nous a appris à nous accrocher : à l’amour, à l’approbation, à la réussite. Nous devenons, sans le voir, des dépendants affectifs et sociaux. (6)
« On a instillé en vous des drogues que l'on appelle Approbation, Appréciation et Attention ; et d'autres poisons que l'on appelle Réussite, Prestige et Pouvoir. Après avoir goûté à cela, vous avez développé une accoutumance et vous vous êtes mis à redouter le manque. »
« Imaginez un drogué. Il est tout le temps tendu, inquiet, toujours en train de se demander : “Est-ce que j'aurai ma dose ?” […] C'est exactement ce qui nous arrive. Nous vivons dans la peur, la peur de perdre notre drogue. La drogue de l’acceptation, de l’importance, du regard de l’autre. »(Anthony de Mello, Appel à l’amour)
La méditation 33, intitulée « Aimer dans la solitude », explore la manière dont nos conditionnements sociaux — tels que la quête d’approbation, de réussite ou de pouvoir —peuvent devenir des dépendances qui obscurcissent notre perception et entravent notre capacité à aimer authentiquement. Anthony de Mello compare ces attachements à des drogues instillées dès l’enfance, rendant difficile la libération de leur emprise.
Et lorsque cette drogue manque, ou que l’illusion se dérobe, nous croyons que nous-mêmes sommes en train de disparaître. Mais ce n’est pas nous qui disparaissons, ce sont les illusions.
Car derrière la peur de ne pas être aimé, se cache souvent une autre peur, plus abyssale encore : celle de ne pas savoir qui l’on est, une fois les rôles posés, les masques retirés, une fois l’amour « conditionné » tombé, une fois l’idée de devoir mériter l’attention, le respect, la place… abandonnée.
Et si se connaître, finalement, c’était désapprendre ce que l’on croyait être ? Et si c’était simplement se réveiller à ce que l’on est… quand tout le reste a été déposé ?
III. Se rencontrer .. aidé et accompagné ?
Se rencontrer demande du courage, oui, mais aussi parfois, un regard bienveillant posé sur nous. Un espace sûr, hors du tumulte, un souffle extérieur qui éclaire ce que nous n’arrivons pas encore à nommer.
Le chemin vers soi peut sembler flou, vertigineux, inconfortable. Et même si nul ne peut marcher à notre place, il est des présences qui permettent de faire le premier pas. Le coaching fait partie de ces présences-là.
Un coach n’est pas là pour donner des réponses, il est là pour soutenir l’exploration, pour poser les bonnes questions, pour tenir le cadre quand le sol vacille. Il tend un miroir sans juger, il rappelle ce qui compte, il ramène à l’essentiel.
Il y a souvent un avant et un après dans un processus de coaching, non pas parce qu’on devient quelqu’un d’autre, mais parce qu’on commence enfin à revenir à soi, à reconnaître ce que l’on savait sans se l’avouer, à s’autoriser à exister autrement.
Le coaching n’enferme pas, il libère. Il ne transforme pas ce que nous sommes, il nous permet de l’habiter pleinement. (7)
Et c’est là que quelque chose bascule, c’est là que commence le mouvement intérieur.. Un mouvement vers plus de clarté, plus d’alignement, plus de présence à soi.
Mais au-delà de toute méthode, de toute approche, il y a surtout un état d’être .. celui de la présence, de l’écoute intérieure. Ce silence où l’on cesse de chercher à devenir… pour enfin commencer à être.
Parfois, il ne faut rien de plus qu’un espace tenu avec douceur, qu’un regard qui n’attend rien, qu’une question qui ne pousse pas mais qui ouvre.
Bien sûr, le coaching n’est qu’une voie parmi d’autres : thérapie, psychologie, accompagnement psychiatrique, médecines douces, approches holistiques, coaching de santé… il existe une multitude de chemins possibles pour revenir à soi.
À chacun de sentir ce qui lui correspond le mieux, ce qui l’appelle, ce qui résonne profondément avec son propre rythme intérieur.
Parfois, il suffit d’une pause, d’une marche en conscience, ou d’un souffle plus lent et soudain, une vérité que l’on fuyait depuis longtemps vient s’asseoir calmement à nos côtés, comme si elle n’attendait que cela : notre envie et notre disponibilité à la rencontrer.
IV. « Connais-toi, toi-même »… pour quoi faire ?
On pourrait croire que se connaître est une fin en soi, une quête intérieure comme une montagne à gravir, un sommet à atteindre. Mais ce n’est pas cela. Se connaître n’est pas un aboutissement, c’est un commencement, un point de bascule, une porte entrouverte vers une vie plus juste, plus alignée, plus vivante.
Quand je me connais, je ne vis plus en fonction de ce que l’on attend de moi.. je ne dis plus oui pour plaire ou être choisi.e. Je dis oui parce que cela résonne avec ce que je suis profondément. Je ne m’adapte plus jusqu’à m’abîmer, je trace, avec douceur, des frontières qui me respectent.
Quand je me connais, j’aime autrement. Je ne demande plus à l’autre de combler mes manques, je ne projette plus mes blessures anciennes sur les visages présents, je rencontre l’autre sans me fuir moi-même, je ne cherche plus un sauveur, je choisis un compagnon de route.
Quand je me connais, je vis autrement, je ne me demande plus : « Est-ce que je fais assez ? Est-ce que je suis assez ? » Je me demande : « Est-ce que je suis en lien avec ce qui me fait vibrer ? Est-ce que ce que je crée me ressemble ? »
Se connaître, c’est comme accorder l’instrument que l’on est. Ce n’est pas chercher à sonner comme les autres, c’est retrouver sa propre note, même si elle tremble, même si elle détonne et .. surtout si elle détonne.
Et peut-être est-ce cela, au fond, le sens profond du « Connais-toi toi-même » inscrit à Delphes : non pas savoir, mais se reconnaître, non pas se corriger, mais s’habiter, non pas se modeler, mais se révéler..
Conclusion
À force de vouloir correspondre, nous avons parfois oublié comment nous correspondre à nous-mêmes. À force de courir vers l’extérieur, nous avons négligé cette maison intérieure, ce lieu vivant en nous, à la fois refuge et berceau de nos élans.
Se connaître n’est pas une performance, c’est un dépouillement, une manière de revenir à l’essentiel. Ce n’est pas se réparer, c’est se retrouver.
Et dans cette retrouvaille, il n’y a pas de place pour le jugement, seulement pour l’accueil : accueillir ce qui en nous tremble encore, ce qui résiste, ce qui aspire. Accueillir les parts égarées comme on ouvre les bras à un enfant qui revient à la maison. Alors non, se connaître ne rend pas invulnérable, mais cela rend plus libre, plus paisible, plus vivant.
🌿
Je vous propose un exercice d’auto-coaching : Ne cherchez pas des réponses parfaites. Laissez les mots venir. Laissez l’inconscient parler. Et relisez-vous… comme on écouterait un ami.
Et si je me rencontrais aujourd’hui ?
Installez-vous dans un lieu calme. Prenez de quoi écrire. Et répondez à ces questions, sans filtre :
De quoi ai-je profondément besoin en ce moment ?
Qu’est-ce que je n’ose pas encore m’avouer ?
À quoi ai-je dit « oui » alors que tout en moi criait « non » ?
Qu’est-ce que j’aimerais que le monde sache de moi, mais que je ne montre pas ?
Et si vous arrêtiez de faire ce que vous faites par peur ?
Qu’est-ce que vous ne vous autorisez pas à être ?
À quel moment vous sentez-vous vraiment vivant(e) ?
Et si, finalement, la plus belle rencontre de notre vie était celle que nous faisons avec nous-même ? Non pas pour nous changer, mais pour nous accueillir enfin, en vérité.
Prenez soin de vous, toujours. Avec tout mon amour, Sandra
Sources :
(1) « Connais-toi toi-même » (Gnōthi seauton) : maxime inscrite à l'entrée du temple d'Apollon à Delphes, attribuée aux Sept Sages de la Grèce antique, notamment à Chilon de Sparte, et reprise par Socrate comme fondement de sa philosophie.
(2) Sandra Bouzekouk-Morais, « Amour de soi : les fondations du bonheur », blog 2020 . https://www.blog-sandra-eas-coaching.com/post/amour-de-soi-les-fondations-du-bonheur paragraphe 7.
(3) Isabelle Calkins, entretien réalisé par Sandra Bouzekouk-Morais, Soft Skill Magazine, 2025.
(4) Michel Odoul, Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, Éditions Albin Michel, 2001.
(4 bis) Christian Flèche, Le décodage biologique des maladies, Éditions Le Souffle d’Or, 2005. (Odoul et Flèche sont les fondateurs d’une approche psychosomatique où les maux du corps traduisent des conflits émotionnels non exprimés).
(5) Donald W. Winnicott, Jeu et réalité, Éditions Gallimard, 1975.
(5 bis) Carl Gustav Jung, Les archétypes de l’inconscient collectif, Éditions Gallimard, 1964.
(6) Anthony de Mello, Appel à l’amour – Méditations sur le chemin du bonheur, Éditions Médiaspaul, 1996. Méditation : « Quand le drogué perd sa drogue », p. 103–104.
(6 bis) Anthony de Mello, Méditation n°33 citée dans l’article « Appel à l’amour – Méditations sur le chemin du bonheur », blog de Sandra Bouzekouk-Morais, www.blog-sandra-eas-coaching.com, 2025. C'es par ici : https://www.blog-sandra-eas-coaching.com/post/appel-à-l-amour-méditations-sur-le-chemin-du-bonheur
(7) International Coaching Federation, Référentiel de compétences du coach professionnel (version actualisée 2021), ICF France. Accessible en ligne : www.coachfederation.fr/deontologie-referentiels
Comentários